Joyeux… Rosa von Praunheim [new]

Le brillant et très prolifique cinéaste allemand Rosa von Praunheim, qui a dirigé plus de 150 films ayant pour sujet l’homosexualité, est le héros du 667è épisode de ma série sur les personnes non-hétérosexuelles qui ont réussi.

Rosa von Praunheim, le Andy Warhol allemand

Rosa von Praunheim, de son vrai nom Holger Bernhard Bruno Mischwitzky, est un écrivain et réalisateur allemand, né à Riga (Lettonie) le 25 novembre 1942. Il est considéré comme l’un des plus importants cinéastes et activistes LGBTQ au monde.

Depuis ses débuts dans le cinéma en 1968, von Praunheim a dirigé quelques 150 films (courts et longs-métrages), productivité phénoménale. Toujours aussi productif, l’artiste a dernièrement (2022) réalisé un biopic sur le chanteur allemand Rex Gildo (qui a toute sa vie caché son homosexualité et a fini par se suicider).

Voici les détails les plus intéressants de la vie de Rosa von Praunheim.

Biographie

Rosa von von Praunheim a commencé dès l’âge de 25 ans sa carrière de metteur en scène associé au Nouveau Cinéma Allemand et membre majeur de l’école de cinéma underground de Berlin. Il prit le pseudonyme artistique féminin « Rosa von Praunheim » en référence au triangle rose attribué aux homosexuels par les nazis dans les camps de concentration, Praunheim étant le quartier de Francfort où il a grandi.

Pionier du cinéma Queer, von Praunheim est un activiste pour le droit des homosexuels depuis sa jeunesse. Il fut l’un des premiers à sensibiliser le public au danger du sida et promouvoir le sexe protégé lorsque l’épidémie éclata dans les années 1980.

Dès la fin des années 1960, il commença à expérimenter dans le domaine du cinéma et de l’écriture créative en réalisant des courts-métrages, dont le premier, intitulé « Von Rosa von Praunheim » (1968) où il joue son propre rôle.

C’est en 1971 que Von Praunheim réalise son premier long-métrage « Chérie, Chéri » (« The Bed Sausage »), une parodie du mariage bourgeois [hétérosexuel], aujourd’hui un film-culte. Le journal « Frankfurter Allgemeine » écrivit : « Le cinéma d’avant-garde a lui aussi ses maîtres, et le plus grand en Allemagne, c’est Rosa von Praunheim. Son film « Chérie, chéri » confirme les qualités qui caractérisaient ses précédentes oeuvres, « Pink Workers on Golden Street » et « Sisters of the Revolution » : un mélange d’inventivité artistique, de conscience sociale et d’humour, extrêmement rare en Allemagne. »

En 1971 également, le jeune cinéaste provoqua une révolution avec son film « Ce n’est pas l’homosexuel qui est pervers mais la société dans laquelle il vit », film qui inspira la création de nombreuses associations de lutte pour les droits des homosexuels et le mouvement de libération gay et lesbien moderne en Allemagne et en Suisse.

Le film, qui incite les gays à revendiquer au grand jour leur homosexualité pour essayer de changer la société, au lieu de se comporter comme Monsieur Tout-le-Monde pour être bien vu, s’intégrer dans cette société qui les opprime et où ils se cachent de peur d’être tabassés, est considéré comme le déclencheur du mouvement gay dans les pays germanophones. En effet, il sort le 4 mai 1971 et c’est le 15 août de la même année qu’est créée « l’homosexuelle Aktion west-berlin » (Action Homosexuel de Berlin-Ouest).

Ce film fit aussi de Rosa von Praunheim la personnalité leader du mouvement gay et lesbien en Allemagne. Selon la radio « Deutsche Welle » : « C’est une libération personnelle pour Holger Mischwitzky [Rosa von Praunheim] et un coup de semonce pour tous les hommes homosexuels (…) Avec ce film, Rosa von Praunheim est devenu une icône du mouvement gay et lesbien presque du jour au lendemain. »

Joe Hoeffner, critique de cinéma américain écrivit plus tard dans un article sur les douze films queer les plus importants de l’histoire du cinéma : « On a dit de beaucoup de films qu’ils étaient « révolutionnaires », celui-ci le mérite vraiment. Ce film extraordinaire réalisé par le cinéaste et activiste Rosa von Praunheim (Holger Mischwitzky) est un texte fondateur du mouvement des droits homosexuels allemand, et son appel à la libération s’est répercuté à travers l’histoire du cinéma queer international. »

Cinéaste prolifique et controversé, Von Praunheim a ensuite principalement dirigé des documentaires ayant pour sujet l’homosexualité masculine. Dans les années 1970, il vécut quelque temps aux USA (New York) où il réalisa plusieurs documentaires sur la vie des homosexuels américains après les émeutes de Stonewall.

(…)

En 1979, il a gagné un Oscar du cinéma allemand pour son documentaire « Tally Brown, New York », sur la chanteuse et actrice Tally Brown.

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Lorsque l’épidémie de sida éclata au début des années 1980, Von Praunheim réalisa des films sur cette maladie et le VIH, notamment « Un virus sans morale » (1986), un des premiers longs-métrages ayant pour sujet cette maladie, que le quotidien Los Angeles Times décrivit comme une « allégorie sauvage, imaginative (…) ayant pour décor principal un sauna gay (…) une des premières et plus provocantes attaques de l’hypocrisie, de l’ignorance, politique et économique, autour de la crise du sida dans le monde. »

Les documentaires « Positif » et « Silence = Death », tous deux tournés en 1989, traitent de l’activisme contre le sida à New York, « Fire Under Your Ass » (1990) du sida à Berlin. Pour cette trilogie sur le sida, Von Praunheim a reçu le prix LGBT au Festival international de cinéma de Berlin en 1990. Selon le grand quotidien britannique « The Guardian » : ‘ « Positif » et « Silence = Death » sont les meilleurs films sur le SIDA à ce jour (…)’ (…) Pour le Los Angeles Times : ‘Praunheim est l’homme parfait pour réaliser ces films : il a le recul, la compassion, le militantisme ainsi que le sens de l’humour, nécessaires pour traiter l’épidémie du sida sous tous ses aspects’.

Mais avec cette trilogie, Rosa s’attira les foudres de la communauté homosexuelle, car il donnait l’impression que c’était les hommes gays qui étaient responsables de la propagation de l’épidémie en ayant des relations sexuelles avec des multiples partenaires sans protection.

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Postérité

Rosa von Praunheim a été élu membre de l’Académie des arts de Berlin en 2009.

En 2015, le magazine américain « The Advocate » a inclus von Praunheim dans sa liste des personnalités queer majeures dans les domaines de l’activisme, de l’art et de la culture LGBT.

Le Président fédéral de l’Allemagne, Frank-Walter Steinmeier, a remercié publiquement Rosa, à l’occasion du 75è anniversaire du cinéaste (2017) pour son oeuvre artistique et sociale : « Mes félicitations à un artiste exceptionnel qui, à travers son oeuvre cinématique très vaste, a réussi à intervenir sur la réalité sociale et la changer. »

Il restera dans l’histoire comme le cinéaste gay le plus productif au monde. Aucun autre cinéaste n’a traité autant que lui le sujet de l’homosexualité, des gays, des lesbiennes, des transgenres.

Ce que les influenceurs font aujourd’hui sur Internet, il le faisait déjà dès la fin des années 1960. Il s’est battu pour la génération actuelle, il s’est engagé pour que les hommes gays et leurs maris ou amants puissent vivre leur homosexualité sans être discriminés.

Il a fait émerger dans la société un thème dont personne ne voulait parler, c’était tabou, dans l’ombre, sale et en marge dans la société. Il a ouvert une brèche dont les artistes (cinéastes mais aussi peintres, dessinateurs BD, photographes, sculpteurs etc…) des générations suivantes ont profité.

Actualité

Aujourd’hui âgé de 80 ans, Rosa von Praunheim n’a de cesse de surprendre avec une œuvre protéiforme et engagée. Toujours aussi productif, l’artiste a dernièrement consacré un documentaire au chanteur allemand Rex Gildo (qui a toute sa vie caché son homosexualité et a fini par se suicider), supervisé une rétrospective consacrée à son oeuvre, mais aussi publié un roman et signé le livret d’une comédie musicale adaptée de l’un de ses longs métrages les plus célèbres, « Chérie, chéri » (« Die Bettwurst »).

Réalisateur de quelque 150 films en plus d’un demi-siècle, Rosa von Praunheim, dont le pseudonyme fait écho au triangle rose qui marquait les homosexuels dans les camps de concentration nazis, a mené au fil de sa carrière de nombreuses actions en faveur du mouvement de libération des gays. Il s’est aussi attiré les foudres de la communauté LGBTQIA+, notamment en dévoilant l’homosexualité de certaines célébrités contre leur gré.

Vie privée

Rosa von Praunheim a indiqué avoir eu ses premières expériences sexuelles avec des hommes quand il était ado à Francfort dans des toilettes publiques.

Dans sa jeunesse, Rosa von Praunheim était un homme très beau qui a eu de nombreux amants, occasionnels et de longue durée.

Ses parents ont appris son homosexualité en 1971 lorsque le film « Ce n’est pas l’homosexuel qui est pervers mais la société dans laquelle il vit » est sorti, présenté à la télévision et au Festival de Berlin.

Il vit aujourd’hui à Berlin avec son mari Oliver Sechting, un écrivain, réalisateur et activiste allemand, et Mike Shephard, monteur et son ex amant.

wikipedia + arte.tv – résumé et traduit par roijoyeux

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