Joyeux… Germain Louvet

Pour fêter ses 31 ans, revoici mon article sur Germain Louvet, prince charmant de la danse classique.

Germain Louvet, danseur prodige

Germain Louvet, né le 23 mai 1993 à Chalon-sur-Saône en Saône-et-Loire, est un danseur français. Il a été nommé danseur étoile au ballet de l’Opéra national de Paris le 28 décembre 2016.

Voici les détails les plus intéressants de sa vie.

Germain Louvet, à fond les ballets

Le vibrant jeune homme est devenu danseur étoile de l’Opéra national de Paris à seulement 23 ans.

Libération le 25 avril 2017

par Catherine Mallaval


Germain Louvet, danseur étoile de l’Opéra de Paris, à l’Opéra Garnier, le 23 mars 2017. (Photo Mathieu Zazzo pour Libération)

Corps échauffé, tee-shirt trempé, port altier, le pas fluide, il pénètre dans la mythique salle de l’Opéra de Paris, la ronde « Zambelli », où tous les grands ballets furent un jour répétés. Les jambes s’étirent dans un collant gris, les pieds se tendent dans des demi-pointes noires. Germain Louvet, danseur tout en longueur, mannequin à ses heures, entre dans sa bulle. Le lino gris soyeux devient du sable, le silence, un bruit de vagues. L’espace est inondé de soleil. Les premières notes du pianiste résonnent, du Ravel. Le maître de ballet, Clotilde Vayer, bat la mesure : « Diam, pam, pam. On y va ! On est sur la plage. Il fait chaud » ; « Bientôt, tu auras la musique dans le corps et tu pourras t’amuser » ; « Pousse tes bras comme un chat »… Le danseur se plie, se déplie. Se donne de tous ses muscles. « J’adore bouger les bras, c’est la partie du corps qui octroie le plus de liberté. Et puis j’aime m’enivrer à faire des pirouettes ou des sauts. Chercher à rester suspendu le plus longtemps possible, jouer avec la gravité. Danser est pour moi de l’ordre de la pulsion. »

C’était en mars [2017]. La nouvelle étoile de l’Opéra répétait alors « En sol », chorégraphie de Jerome Robbins (à qui l’on doit les pas de « West Side Story »). Il interprétera ce ballet néoclassique en forme de romance à partir de la semaine prochaine. Quelques mois après avoir déclenché une ovation de plus de quinze minutes à l’Opéra Bastille. Ce soir du 28 décembre [2016], Germain Louvet est le prince Siegried, héros mal dans sa peau (pas le cas du danseur) du « Lac des cygnes ». A l’issue de sa performance, surprise… Stéphane Lissner, directeur de l’Opéra national de Paris, annonce sur scène : « Sur proposition d’Aurélie Dupont, directrice du ballet, je suis très heureux de nommer Germain Louvet danseur étoile. » « J’ai entendu mon nom. Le moment le plus fort. J’avais déjà vu des nominations d’étoiles, mais là, c’était moi. » Bourrasque d’émotions devant 2 700 spectateurs. A seulement 23 ans, celui qui devait devenir premier danseur prend un direct pour le firmament. Le voilà « première étoile d’Aurélie », badine-t-il.

Son ascension fulgurante devient le symbole du renouveau d’une auguste maison où l’on attend d’ordinaire les 28 ou 29 ans pour briller. A un moment où la danse, classique ou contemporaine, « n’a jamais été autant à la mode ». Pris dans son élan, il se fait défenseur du classique que quelques éteignoirs mal éclairés associent encore à un truc de « chochottes » très corseté. « Il y a une immense satisfaction à reproduire des figures. Les pas sont des formes. Mais il y a une liberté qu’on atteint en les surpassant, les faisant siennes, en y associant un regard, en y impulsant une énergie… Trop souvent on caricature le classique. »

Ce fougueux habité par son art aurait-il un peu trop biberonné du Noureev ? Pas son époque ! « Trop loin. Même si j’ai observé son côté showman à fleur de peau qui soulève la salle. » Germain Louvet est pourtant né en 1993 – année où le grand Rudolf s’est éteint – dans un hameau au-dessus de Givry, près de Chalon-sur-Saône, en Bourgogne. « De mémoire, j’ai toujours dansé. Et à 4 ans, quand mes parents m’ont demandé ce que j’avais envie de faire comme activité, j’ai dit « danse ». » Le couple, lui cadre commercial dans le phytosanitaire, elle assistante sociale, accepte sans sourciller. Direction le club de modern jazz de Givry. Puis le conservatoire de Chalon-sur-Saône dès 7 ans. Premiers chaussons. Premier examen de fin d’année : « Très vite, j’ai été le seul garçon. J’étais passionné, mais pas une sorte de geek de la danse. Je n’avais pas de poster de danseur étoile dans ma chambre. Je n’en connaissais pas à part Patrick Dupond. Je vivais en province dans un milieu rural et viticole. » C’est en entrant au collège avec des horaires aménagés pour accueillir cinq à six cours de danse hebdomadaires qu’il essuie les premières railleries. [il] S’en fout. «Je ne comprenais pas pourquoi on trouvait bizarre que je fasse de la danse, pourquoi on l’associait à un art efféminé. Moi, je n’avais pas l’impression de faire un truc de femmes. Je n’étais pas en tutu avec des pointes aux pieds. » Et puis il « adore » sa prof, Sylvie Mondoulet, qui l’incite à se présenter à l’école de l’Opéra. « Mes parents ont dit : « Pourquoi pas ? » Ils ne viennent pas d’un milieu artistique, mais ils sont ouverts, ne portent pas de jugement. Ça m’a sans doute rendu imperméable aux préjugés sur les danseurs. Et puis ils sont sportifs. Ils savent ce que signifie vouloir aller le plus loin possible. »

Il intègre l’école de danse de l’Opéra à Nanterre. « Là, il y avait enfin d’autres garçons qui avaient la même passion que moi », balaie-t-il, avant de préciser : « Ce n’est pas l’école qui est rude, mais le classique, la discipline, la rigueur. On doit saluer nos professeurs, mais ça a un sens. Dans un ballet, chacun doit être à sa place, respecter l’autre. » Certains sont virés, d’autres abandonnent, lui s’épanouit. Et engloutit histoire de la danse, anatomie, solfège, classique, jazz, baroque, contemporain, préparation au bac littéraire… « Les deux dernières années, j’ai fini premier. J’avais compris que je voulais faire de la danse mon métier. Et puis mon corps a grandi dans la bonne direction. »

Le danseur au visage fin développe un corps élancé qu’il bichonne tous les matins. Il le nourrit d’un mélange de lait d’amande, müesli, graines de lin et de courge, pain complet grillé, beurre et confitures faites avec les fruits du jardin de ses parents. Tout d’un prince. Charmant, évidemment, qui, comme dans les belles histoires, rêve d’avoir des enfants avec son ami. Et ça tombe bien ce côté prince, tant le répertoire classique chérit ce rôle. 2014, le vibrionnant Benjamin Millepied, encore à la tête du ballet, lui fait griller les étapes et le propulse, lui le jeune coryphée, dans un premier rôle de « Casse-Noisette » : un prince, bien sûr. « Ça m’a projeté d’un coup », lâche-t-il. Aurélie Dupont, sa coach pour ce rôle, finit de le façonner: « Elle m’a appris à être soliste, à répéter seul, à réfléchir, à gérer le stress… Elle est douce, sensible, rigoureuse. »

La suite ? Celui qui devra attendre quelques rides pour danser les voyous ( « J’ai aussi envie qu’on me bouscule ») s’éprend de Roméo (et Juliette) : « C’est le ballet que j’ai le plus aimé danser. Il y a toutes les émotions. En trois jours, il tue un homme, tombe amoureux d’une femme, perd sa virginité, découvre le deuil et se suicide. Toute une vie en trois jours lors d’un ballet qui dure trois heures. C’est très dur physiquement, mais le dépassement de soi est génial. »

Conscient plus que tout autre que la jeunesse file à toute allure quand on virevolte, il s’inquiétait, à quelques jours du premier tour, qu’un candidat à la présidentielle [Emmanuel Macron] veuille supprimer les régimes spéciaux et la retraite de l’Opéra à 42 ans : « Comment interpréter Roméo à 50 ans ? »

Germain Louvet en 4 dates

23 mai 1993 : Naissance à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire).

Septembre 2005 : Entrée à l’école de danse de l’Opéra de Paris.

28 décembre 2016 : Nommé étoile à l’issue d’une représentation du « Lac des cygnes ».

Du 2 au 27 mai 2017 : Soirées spectacles à l’Opéra Garnier avec « En sol », « la Valse », « Boléro ».

Libération le 25 avril 2017.

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Danseur étoile

Selon wikipedia : Par sa jeunesse, Germain Louvet incarne un renouveau des étoiles de l’Opéra de Paris. Sa nomination constitue un acte fort de la part d’Aurélie Dupont étant donné que François Alu a déjà été promu premier danseur le 6 novembre 2013. Germain Louvet est la première étoile nommée par la nouvelle directrice de la danse. Il a été marqué par leur rencontre lors de sa prise de rôle dans « Casse-noisette » en décembre 2014 et reconnaît une influence de leur travail commun dans sa danse.

Germain Louvet est réputé pour la fluidité de ses prestations.

Son allure et sa musculature semblent l’avoir prédestiné aux rôles des princes, mais si ceux-ci ont sa préférence, il souhaite aussi découvrir un large spectre de rôles et d’incarnations. Sensible aux chorégraphies de Noureev, il souligne leur « musicalité particulièrement pointue et intelligente », « l’apport d’une dimension cinématographique » (« Roméo et Juliette » ou « Cendrillon ») et « la vraie profondeur » des personnages à incarner, témoins des différents niveaux de lecture que Noureev propose dans ses ballets.

Homosexualité

Germain Louvet est en couple avec le journaliste engagé Pablo Pillaud-Vivien depuis plusieurs années.

Il figure dans le calendrier des dates LGBT historiques établi par l’association Mémoire des sexualités, partie « années 2020 » :


(…) Mars 2020 : le danseur étoile Germain Louvet, 26 ans, en est à 45 jours de grève avec son corps de ballet, contre la réforme des retraites, alors que les danseurs partent à la retraite à 42 ans ; il sortait avec des garçons depuis l’âge de 15 ans, mais ce n’est qu’à 18 ans qu’il en a parlé avec ses parents. Très ouvert et cultivé, attiré par la mode, il est maintenant amoureux de Pablo Pillaud, 30 ans, son mentor en militantisme. (…)

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