Joyeux… Cambacérès [new]

Jean-Jacques-Régis de Cambacérès, ancien Ministre de la Justice de France, est le héros du 742è épisode de ma série sur les personnes non hétérosexuelles qui ont réussi.

Jean-Jacques-Régis de Cambacérès, bras droit de Napoléon

Jean-Jacques-Régis de Cambacérès est un jurisconsulte et grand homme d’État français, né le 18 octobre 1753 à Montpellier et mort le 8 mars 1824 à Paris. Il est à l’origine du Code Civil français toujours en vigueur aujourd’hui et fut aussi un précieux numéro deux pour l’Empereur Napoléon Ier.

Voici un résumé de sa vie.

Biographie express de Cambacérès

Issu d’une famille de magistrats appartenant à la vieille noblesse de robe montpelliéraine, il connaît malgré cette noblesse une enfance relativement pauvre. Diplômé en droit, le jeune Cambacérès commence une carrière d’avocat et de conseiller à la chambre des comptes de Languedoc et fait son entrée en politique dès les premiers jours de la Révolution française. Président du tribunal criminel de l’Hérault en 1791, il est élu député à la Convention nationale l’année suivante. Dès lors, Cambacérès occupe des postes de pouvoir pendant la majeure partie de sa vie. Membre du Comité de salut public entre 1794 et 1795, président du Conseil des Cinq-Cents en 1796 puis ministre de la Justice en 1799, il est Deuxième consul après le coup d’État du 18 Brumaire de Napoléon Bonaparte et assiste au sacre de celui-ci en 1804. Nommé archichancelier de l’Empire, il est pendant près de dix ans le deuxième personnage de l’État : l’Empereur lui délègue la présidence des conseils et des séances du Sénat pendant son absence.

Spécialiste des questions juridiques, il participe activement à la nouvelle organisation judiciaire du pays. Promoteur du tribunal révolutionnaire, il rédige trois projets entre 1793 et 1796 qui aboutissent à la création du Code civil en 1804. Élu à l’Académie française et membre de l’Institut, il est également un personnage éminent de la franc-maçonnerie française et participe à son renouveau après la proclamation de l’Empire. Chef suprême du rite français, il est grand maître adjoint du Grand Orient de France après le retrait du prince Louis Bonaparte en 1805 et le reste jusqu’à la fin de l’Empire. Il est aussi grand commandeur du Suprême Conseil du rite écossais et cumule plusieurs autres fonctions maçonniques.

Avide d’argent et de pouvoir, il se constitue une immense fortune grâce à son esprit d’entreprise et aux faveurs de l’Empereur. L’hôtel Molé, qu’il acquiert en 1808, devient l’un des plus beaux palais de Paris et les réceptions qu’il organise sont reconnues pour leur faste et la qualité des mets qui y sont servis. Gastronome averti, amoureux du luxe et de la décoration, il se voit confier un rôle de représentation de la part de Napoléon Ier dans le but d’affirmer la puissance de l’Empire et de l’ancrer dans les traditions séculaires de la France. Il quitte le pouvoir en 1815 après la chute de l’Empereur et s’exile un temps à Bruxelles. De retour à Paris à la fin de l’année 1818, il y passe les dernières années de sa vie, à l’écart du pouvoir.

Son homosexualité supposée lui vaut de subir une campagne de caricatures calomnieuses à la Restauration tandis qu’il est souvent qualifié de « girouette » pour son extrême prudence pendant les heures sombres de la Révolution française et sa capacité à se maintenir au pouvoir à travers les régimes.

Homosexualité de Cambacérés

La passion de Cambacérès pour le raffinement, de même que sa vie de célibataire, en font une cible pour l’opinion publique. L’hypothèse de son homosexualité lui vaut un certain nombre de critiques bien qu’elle repose uniquement sur des suppositions ou des anecdotes. Cambacérès est un personnage trop soucieux de son image pour s’afficher en public, c’est la raison pour laquelle aucun historien ou mémorialiste n’est en mesure d’apporter une preuve formelle de son homosexualité (…)

Pour autant, elle semble bien avérée et connue de son entourage comme de la haute société parisienne. Des historiens lui prêtent une relation avec son secrétaire personnel Jean-Olivier Lavollée, de vingt-deux ans son cadet, qui est bisexuel et qui épouse la nièce de Cambacérès (tout en continuant sa liaison homosexuelle avec Cambacérès). On rapporte les propos de Napoléon, un jour que Cambacérès arrivait en retard à un rendez-vous avec lui, prétextant avoir été retenu par des dames : « Quand on a rendez-vous avec l’Empereur, on dit à ces dames de prendre leurs cannes et leurs chapeaux [accessoires portés par les hommes de l’époque] et de foutre le camp. » Par ailleurs, pour faire taire les rumeurs sur l’homosexualité de son archichancelier, Napoléon lui impose d’entretenir une maîtresse, la jeune comédienne du théâtre des Variétés Henriette Guizot, mais leur relation est de courte durée. Un rapport de police établi à cette époque par Joseph Fouché témoigne qu’il fréquentait d’autres actrices.


La fin du monde : Bonaparte tue les hommes, Cambacérès fuit les femmes

L’homosexualité supposée de Cambacérès est utilisée à ses dépens par ses rivaux politiques, ainsi Talleyrand, qui a pris l’habitude de surnommer les trois Consuls « Hic, Haec, Hoc », prenant ainsi le masculin hic pour désigner Bonaparte tandis qu’il utilise le féminin haec pour railler l’homosexualité de Cambacérès et le neutre hoc pour moquer l’insignifiance de Lebrun.

À la Restauration, Cambacérès est l’objet d’une violente campagne satirique visant à le déposséder de toute fonction publique et à salir sa réputation en dévoilant son homosexualité supposée. Une cinquantaine de caricatures anonymes sont publiées entre mai et octobre 1814, dont trente-et-une font directement allusion à l’homosexualité et à la sodomie. Dans le Journal de Paris du 11 juin, il est présenté sous le surnom de « tante Urlurette », en référence au vaudeville de Désaugiers « Ma tante Urlurette », paru en 1806 et dans lequel « Tante Urlurette » est une vieille fille ridicule.

Selon Emmanuel Fureix, cette caricature est un parfait exemple de la manœuvre de destruction politique menée contre Cambacérès : « On [le] reconnaît sous les traits d’une grosse femme ornée de fanfreluches, de dentelles et d’une traîne soulevée par son ami, le comte d’Aigrefeuille, énorme, portant une poularde embrochée et l’Almanach des gourmands. Cambacérès tient de sa main droite un éventail, et de sa main gauche un sac avec cette inscription : « Haine aux fammes. Comédie. Vaudeville », désignant de l’index une ville en proie aux flammes, Sodome, précédée d’une statue de sel. Cette caricature condense plusieurs sources de discrédit politique : l’excès de pompe, la gourmandise, le désordre sexuel et la chute, subliminale, d’un Empire décadent. »

Dans d’autres caricatures, Cambacérès est souvent présenté en chasseur de jeunes hommes, une manière d’évoquer symboliquement la conscription forcée que l’archichancelier devait lever au Sénat sur ordre de l’Empereur. De même, une pièce satirique d’un auteur anonyme, « Buonaparte ou l’abus de l’abdication », parue en 1815, met en scène l’orientation sexuelle de l’archichancelier. Alors que Cambacérès ne reconnaît pas un jeune homme que lui présente Napoléon, ce dernier déclare : « Allons, retournez-vous, que son altesse sérénissime vous reconnaisse. »

Selon l’historien Michel Larivière :

(…) [Devenu Ministre de la Justice en mars 1815], Cambacérès fait nommer son petit ami Olivier Lavollée Chef de la Correspondance [Lavollée avec lequel il est en couple depuis les années 1790] (…) Le portrait exécuté par [le peintre portraitiste] François Gérard nous montre un garçon d’une grande beauté qui, malgré la différence d’âge (il a 23 ans de moins que Cambacérès) restera son compagnon et fidèle secrétaire toute sa vie. Depuis les premières années de la Révolution jusqu’à sa mort, Lavollée vit à ses côtés dans une sorte de conjugalité discrète. Lavollée le protège des aventures dangereuses [qui pourraient ruiner sa réputation] et comme il est bisexuel, Cambacérès l’a marié à une de ses nièces, Rose de Montferrier, qui lui donne un petit-neveu évidemment baptisé… Régis !! (…) Lorsque Napoléon se fait couronner empereur en 1804, il nomme Cambacérès Arhcichancelier de l’Empire (…) Cambacérès s’installe en 1808 dans un hôtel particulier de la rue Saint-Dominique, Lavollée y habite aussi avec sa femme, il a maintenant 32 ans mais est toujours aussi beau. Cambacérès lui a fait construire une baignoire en forme de coeur (…) En mai 1814, Cambacérès déchu de ses fonctions politiques par Louis XVIII, cherche à se faire oublier en s’installant à Bruxelles où son fidèle Olivier Lavollée vient le retrouver (…)

Et voici encore plus de détails sur Cambacérès et son bel amant Lavollée :

Les amants de l’Histoire : Cambacérès, le libertin

Le Parisien, 29 juillet 2013

Par Philippe Besson

En 1818, l’ex-second de Napoléon, en exil à Bruxelles avec son fidèle secrétaire, Olivier Lavollée, évoque ce qui faisait chuchoter tout l’Empire : son homosexualité.

Bruxelles, janvier 1818. L’homme qui sort à pas lents de la cathédrale Saints Michel-et-Gudule, où il est allé prier comme il le fait chaque matin, a l’allure d’un vieillard respectable, dans son habit impeccable et sous sa perruque légèrement poudrée.

Son air pieux et solennel, ses 65 ans et son passé de « grand Français » en imposent.

Cambacérès, même s’il a perdu tous ses pouvoirs et juge saumâtre cet exil belge, ne permettra pas qu’on dise qu’il se laisse aller.

Quand il n’y a plus rien à sauver, il reste tout de même encore les apparences, n’est-ce pas ?

Un homme le suit : il s’agit d’Olivier Lavollée, son fidèle secrétaire, de vingt-deux ans son cadet.

Les mauvaises langues prétendent que ses attributions ne se limitent pas au strict secrétariat. Les mauvaises langues ont raison.

Du reste, Cambacérès raffole qu’elles jasent. Même si, bien sûr, il n’aura pour son compagnon, en public, aucun geste qui pourrait trahir leur intimité. L’inversion, oui ; l’ostentation, non.

Quand il regagne l’hôtel Wellington, son domicile, il se laisse choir dans un fauteuil profond, vaguement las, demande qu’on lui apporte du thé et contemple la pluie qui se met à ruisseler sur les carreaux de cette austère demeure.

Il accepte le prix de sa fidélité à Napoléon, car c’est bien elle qui lui vaut cet éloignement.

On l’a accusé d’avoir été l’un des régicides ; la vérité, c’est qu’on ne lui a pas pardonné d’avoir occupé les fonctions de vice-empereur.

Il tire même une certaine fierté de n’avoir jamais trahi ce petit général rencontré vingt-cinq ans plus tôt et qui avait produit tant d’effet sur lui.

Non, jamais il ne lui a manqué, devenant son second, faisant en sorte qu’il soit nommé consul à vie, réglant les affaires compliquées d’une famille tumultueuse, accomplissant les basses besognes sans rechigner.

Inévitablement, ces souvenirs resurgis le ramènent au temps de sa grandeur. Car, quand on l’a connue, comment l’oublier ?

Il entrait dans une pièce et les regards se tournaient dans sa direction, le taffetas des robes se froissait, on inclinait délicatement la tête, on susurrait quelques paroles d’admiration ou de crainte.

Et toute cette déférence avait commencé très tôt, qui plus est.

N’avait-il pas été président de la Convention en 1794, n’avait-il pas négocié la paix avec l’Espagne en 1796 ?

Quelques années plus tard, il accédait au rang de ministre de la Justice, avant d’être nommé deuxième consul, puis prince-archichancelier.

Et que dire de ses distinctions, alors ! Grand aigle de la Légion d’honneur, membre de l’Académie française, il ne manquait ni de croix, ni de médailles, ni de cordons et les arborait avec un plaisir non dissimulé.

Les mauvaises langues, encore elles, assuraient que cela trahissait son amour des perles et des diamants : il ne prenait même pas la peine de le nier.

« Pourquoi faudrait-il cracher sur ce qui scintille ? Avouez que ce serait idiot », narguait-il.

Que subsiste-t-il de cette splendeur ? Rien ou si peu.

Des perles, mais seulement de pluie, sur une fenêtre bruxelloise. Un homme silencieux et aimant qui lui apporte son thé.

Celui-là, au moins, ne l’aura pas abandonné dans ses jours sombres. Il a même quitté femme et enfants pour le suivre dans cet exil.

Olivier, cela ne gâte rien, n’a rien perdu de sa grande beauté. Voilà au moins un divertissement.

Et ils furent nombreux, les divertissements, naguère. C’est que Cambacérès aimait le luxe, l’apparat.

Rien ne lui plaisait davantage que de donner des dîners fastueux, où l’on se pressait. Etre reçu à sa table était signe de distinction.

L’homme aimait aussi s’entourer d’une cour de célibataires que le goût des femmes ne démangeait pas. C’était son « petit défaut ».

Au début, pourtant, il avait fait montre d’une grande méfiance : sous l’Ancien Régime, l’homosexualité constituait un délit.

On pouvait facilement être mis au ban de la société, et c’était la dernière chose qu’il souhaitait, l’ambitieux Jean-Jacques-Régis.

Il se cachera donc. Une honteuse, persiflerait-on aujourd’hui. Un être avisé, admettait-on alors.

Et puis la Révolution était passée par là, le pouvoir lui donnait l’illusion d’être protégé et son obsession de la dissimulation s’était émoussée.

Du reste, le persifleur Talleyrand, jamais avare d’un coup bas pourvu qu’on le colporte, apercevant les trois consuls, Bonaparte, Cambacérès et Lebrun, glisse à son voisin, en bon latiniste : « Voici Hic (celui-ci), Haec (celle-là) et Hunc (ça). » On ne peut être plus explicite.

Napoléon, lui-même, ne s’y trompe pas. Alors que Cambacérès se présente essoufflé et en retard à un rendez-vous, il invente une excuse : « J’ai été retenu par des dames. »

Mais le petit Corse, furieux d’avoir attendu, ne le rate pas : « Quand on a rendez-vous avec l’empereur, on dit à ces dames de prendre leur canne et leur chapeau et de foutre le camp ! »

Quinze ans plus tard, dans la demeure de Bruxelles, en se remémorant cette colère, l’intéressé sourit.

Sur le moment, il baisse la tête et laisse passer l’orage.

Cependant, l’orage gronde, les ragots se multiplient, autant que les surnoms dont on l’affuble.

« Savez-vous comment on appelle le duc de Parme ? » dit l’un. « Mais non ! » répond l’autre, avec gourmandise. « Tante Turlurette ! Je ne vous fais pas un dessin. » Et les deux s’esclaffent.

D’autres, ennemis invisibles ou homophobes patentés, le désignent comme l’Archifou.

Cambacérès, lui-même, aggrave son cas lorsqu’il rapporte ses souvenirs de jeunesse à un ancien de la Convention : « Figure-toi que j’allais voir les filles comme un autre, mais je n’y restais pas longtemps. Dès que mon affaire était faite, je leur disais : adieu messieurs et je m’en allais ! » Son interlocuteur s’affaisse aussitôt.

Et les promenades dans les jardins du Palais-Royal n’arrangent rien.

De jour, le puissant inverti ne se déplace qu’accompagné d’un cortège chamarré composé de courtisans efféminés poussant de petits cris grotesques et de laquais en livrée de drap bleu galonné d’or – le temps de la discrétion semble bien loin.

Le soir venu, il fraye avec des garçons de mauvaise vie, au point que des policiers, dit-on, le surprennent en mauvaise posture une nuit de décembre 1802. Un rapport est établi mais le scandale est étouffé.

Napoléon, finalement exaspéré, comprend qu’il faut désormais agir et mettre un terme aux épanchements et aux quolibets.

Dans les salons imposants de son hôtel, il convoque son archichancelier, il fait les cent pas, fulmine et s’exprime sans détour : « Vous allez prendre une maîtresse et vous montrer avec elle, je vous prie ! Vous êtes ridicule, mon ami. A moins que vous ne soyez fou ! »

Cambacérès, bien obligé, obtempère et opte peu de temps après pour Mlle Guizot, une comédienne du théâtre des Variétés… qui présente la particularité – fâcheuse – d’adorer se déguiser en homme !

On jurerait qu’il se comporte volontiers en mauvais garnement. Ou bien son inconscient a parlé, allez savoir.

Heureusement, la jeune protégée tombe rapidement enceinte. L’Empire respire. Le soulagement, pourtant, sera de courte durée.

Croisant Cambacérès, un membre de la cour se précipite vers lui afin de le féliciter : « Ah ! Monseigneur, voilà une grossesse qui vous fait honneur ! »

A quoi l’autre, agacé par cet empressement déplacé, répond, sur un ton glacial : « Vous en féliciterez l’auteur. En ce qui me concerne, je n’ai connu Mlle Guizot que postérieurement. »

Autour, on glousse de ce bon mot. Décidément, le duc est incorrigible. Il n’en a cure.

Car ces moqueries incessantes ont forgé sa résistance, sa détermination et construit son geste politique le plus fort : c’est sous son impulsion, en effet, qu’a été rédigé le Code civil, un code égalitaire, applicable à tous, que tant d’autres pays allaient imiter.

A Bruxelles, tandis qu’il savoure son thé, c’est à cela qu’il repense. A ses victoires contre l’obscurantisme.

Pour l’heure, il attend que la pluie cesse. Il attend surtout de pouvoir regagner Paris. Son exil touche à sa fin, lui assure-t-on.

On ne lui rendra pas les titres qu’on lui a retirés, il sait qu’il ne pourra plus jouer aucun rôle politique, mais il aimerait bien revoir la France, une dernière fois, avant de mourir.

Olivier s’affaire en silence dans la pièce voisine. Il songe que c’est peut-être cela, l’amour partagé : quelqu’un qui s’affaire en silence dans la pièce voisine.

Bien sûr, il est un vieil homme abîmé et l’autre n’a pas égaré les atours de la jeunesse, mais ils sont liés jusqu’à la fin, il en est convaincu. Encore une histoire de fidélité.

Au reste, c’est pour lui qu’il a fait graver sur une statue de Cupidon : « Il sera toujours un dieu pour moi », mais cela, il ne l’avouera pas, il a passé l’âge de se montrer sentimental.

Il repense aussi à Montpellier, la ville où il est né, dont son père a été maire avant d’en être chassé à cause de difficultés financières.

Il se dit qu’au fond toute son existence aura été consacrée à lutter contre les bannissements.

Et que le moyen le plus efficace aura été de porter le masque de la légèreté.

Les gens ne se méfient pas de la légèreté, ils la trouvent même charmante, sans se rendre compte qu’elle permet d’accomplir les actes les plus subversifs.

Que je vous dise : Cambacérès a fini par rentrer à Paris. Il y a trouvé la mort.

On prétend que certains garçons sensibles et reconnaissants vont quelquefois se recueillir sur sa tombe au Père-Lachaise. Nul doute qu’il aurait aimé cela.

Le Parisien le 29 juillet 2013, par Philippe Besson

Postérité de Cambacérès

Cambacérès est cité par de nombreux auteurs de la littérature française du XIXe siècle. François-René de Chateaubriand l’évoque régulièrement dans ses « Mémoires d’outre-tombe », mais c’est dans les œuvres d’Honoré de Balzac qu’il apparaît les plus souvent. Dans « La Peau de chagrin », Balzac décrit un repas dont le faste est comparable à ceux qui étaient servis chez l’archichancelier, des réceptions également mises à l’honneur dans la nouvelle « Mademoiselle Irnois » d’Arthur de Gobineau. Dans un court passage du « Cabinet des Antiques », de même que dans « L’Interdiction », Balzac met en avant le rôle joué par celui-ci dans la réorganisation de l’appareil judiciaire français au début du siècle. Plusieurs évènements du Consulat et de l’Empire, mettant en scène Cambacérès, sont également décrits, comme l’affaire Clément de Ris dans « Une ténébreuse affaire » ou l’expédition de Walcheren dans « Splendeurs et misères des courtisanes ».

Dans « L’histoire a pour égout des temps comme les nôtres », un poème satirique extrait du livre III des « Châtiments », Victor Hugo dénonce la bassesse de certains personnages de l’Empire, « Les princes de hasard plus fangeux que les rues, les goinfres courtisans, les altesses ventrues », à travers la description d’un banquet orgiaque. Cambacérès y est cité dans le dernier vers et comparé à Trimalcion, un personnage du Satyricon de Pétrone, passé de l’esclavage à l’extrême richesse.

« La Conversation », pièce de théâtre écrite par Jean d’Ormesson relate un échange entre les consuls Bonaparte et Cambacérès au cours de l’hiver 1803-1804 au palais des Tuileries. Cette pièce est mise en scène par Jean-Laurent Silvi et jouée au théâtre Hébertot entre 2012 et 2013 avec Alain Pochet dans le rôle du Deuxième Consul Cambacérès et Aurélien Wilk dans celui de Napoléon. Alain Pochet interprète une nouvelle fois son rôle dans une autre mise en scène de la pièce au théâtre du Gymnase en 2018.

Le rôle de l’archichancelier Cambacérès a été interprété à l’écran (cinéma et télévision) par :

  • Halliwell Hobbes dans le film « Hearts Divided » de Frank Borzage en 1936;
  • Daniel Ivernel dans le film « Napoléon » de Sacha Guitry en 195586 ;
  • Louis Arbessier dans « L’Exécution du duc d’Enghien » de Stellio Lorenzi en 1958 ;
  • Jacques Castelot dans le film « Austerlitz » de Abel Gance en 1960 ;
  • Jean Ozenne dans « La caméra explore le temps » de Stellio Lorenzi en 1961 ;
  • Henri Crémieux dans « La Conspiration du général Malet » de Jean-Pierre Marchand en 1963 ;
  • Alain Nobis dans « Une journée de l’Empereur » de Jean Pignol en 1964 ;
  • Mimo Billi dans « I grandi camaleonti » d’Edmo Fenoglio en 1964 ;
  • Massimo Della Torre dans « Waterloo » de Sergueï Bondartchouk en 1970 ;
  • Roger Bontemps dans « Les Fossés de Vincennes » de Pierre Cardinal en 1972 ;
  • Jacques Garrand dans « Amoureuse Joséphine » de Guy Lessertisseur en 1974 ;
  • Yves Vincent dans « Les Fiancées de l’Empire » de Jacques Doniol-Valcroze en 1981 ;
  • Didier Lafaye dans « Celui qui n’avait rien fait : le duc d’Enghien » de Jean-Roger Cadet en 1983 ;
  • Kazimierz Mores dans « Napoléon et l’Europe » de Krzysztof Zanussi en 1990 ;
  • Frank Witter dans « Bernadotte et la monarchie suédoise » de Gerold Hofmann en 2009.

Une statue monumentale de Cambacérès est placée sous le péristyle d’entrée du palais de justice de Montpellier.

Le musée de la Légion d’honneur renferme l’écrin des décorations de Cambacérès, dont il a fait l’acquisition en 1982. Il s’agit d’un écrin en maroquin rouge contenant 41 insignes répartis en trois plateaux. Les plus belles pièces de cette collection sont l’œuvre des orfèvres Martin-Guillaume Biennais et Étienne-Hippolyte-Nicolas Coudray.

Une rue de Paris située dans le 8e arrondissement porte le nom de Cambacérès, de même qu’une avenue à Verrières-le-Buisson et des rues à Goussainville, Montpellier, Moussy-le-Neuf et Plessis-Belleville.

(…)

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