Joyeux… Eric Jourdan

D’innombrables prodiges du monde du spectacle, sportifs exceptionnels, rois, capitaines d’industrie, scientifiques, politiciens, chefs cuisiniers et autres héros – sont gays ou bisexuels…

… J’ai décidé de raconter leurs histoires afin de montrer aux personnes qui ont été brimées à cause de leur orientation sexuelle qu’il y a des gays admirables dont l’homosexualité n’a pas empêché la réussite…

Aujourd’hui je vous propose un article sur l’écrivain français Eric Jourdan, figure mystérieuse du monde littéraire, qui a toujours souhaité rester en retrait de son oeuvre, n’a jamais répondu à des questionnaires, et s’est très rarement exprimé à la radio.

Éric Jourdan est né Jean Roger Éric Gaytérou à Paris le 29 mai 1930, et mort à Paris le 7 février 2015 (à 84 ans). Son nom pour l’état civil est Jean-Éric Green après son adoption à l’âge adulte par Julien Green (1900 – 1998) [grand écrivain].

Éric Jourdan est l’auteur, à 16 ans, du roman « Les Mauvais Anges » publié en 1955 mais frappé par la censure en raison de son thème de l’amour charnel entre deux garçons adolescents. Le livre fut interdit en France pendant vingt-neuf ans, ce qui n’empêcha pas des éditions de luxe et notamment sa première traduction anglaise sous le titre « Two » par Richard Howard – en 2005, le livre fut retraduit par Thomas Arbrecht et rebaptisé « Wicked Angels »

D’origines « diverses » — Pays de Galles et Pays basque du côté paternel, Savoie et Tyrol du côté maternel —, il a été adopté par Julien Green (d’origine américaine) considéré comme l’un des auteurs « en français » majeurs du XXe siècle. Il a changé plusieurs fois d’identité et a écrit sous plusieurs pseudonymes.

Il est l’auteur d’une vingtaine de romans, parmi lesquels « Saccage », « Les penchants obscurs », « Le Garçon de joie », « Sexuellement incorrect », « L’amour brut » et des pièces de théâtre « Drapeau Noir » et « Le Jour de gloire est arrivé ».

Ses personnages principaux, toujours jeunes, sans concessions, violents, hors de leur temps, apparaissent comme un contre-pouvoir aux valeurs bourgeoises, avec un absolu peu compatible avec les règles de la société, leur homosexualité étant une remise en cause de la norme dominante.

Eric Jourdan a également collaboré à l’oeuvre de Julien Green, dont il était l’amant, qui l’a adopté et en a fait son héritier.

Il a été inhumé, à côté de son père adoptif, dans la chapelle de la Vierge de l’église Saint-Egid de Klagenfurt, en Autriche, le jeudi 19 février 2015. Le 27 février, une messe a été célébrée à son intention en l’église Saint-Roch de Paris.

Hommage à l’écrivain Éric Jourdan (1930-2015)

Par Didier Roth-Bettoni, publié le 1 avril 2015

Fidèle à lui-même, c’est dans la plus grande discrétion que l’écrivain Éric Jourdan nous a quitté le 7 février dernier, à l’âge de 84 ans.

Il faut parfois la mort pour que des noms resurgissent de l’oubli. C’est triste et c’est terrible, mais la force des artistes et des écrivains, pour peu qu’ils aient du talent, est de se survivre en dépit des aléas des temps et des modes. Début février, Éric Jourdan est mort et il y a fort à parier que cela ne dit pas grand-chose à grand-monde. Peut-être est-ce lié à cette discrétion qu’il choisit toute sa vie. Peut-être est-ce lié à une œuvre souvent réduite à un roman d’adolescence dont l’incandescence pédé lui valut, en 1955, d’être censuré pour trois décennies. Peut-être est-ce lié à l’ombre portée de son père adoptif, l’un des grands auteurs classiques du siècle dernier, à l’homosexualité tourmentée par sa foi, Julien Green. On ne lit plus guère, d’ailleurs, ni l’un ni l’autre et on a bien tort.

Il y a dans l’œuvre de Green quelque chose d’impressionnant, de marmoréen, d’intimidant dans sa rigueur, dont on comprend qu’il retienne de se plonger dans ses romans, en dépit de la beauté de sa langue et de la lutte intime qui s’y joue entre le corps et l’aspiration au divin. Mais Jourdan, c’est tout autre chose : une écriture solaire, violente, crue, lyrique, des sentiments exacerbés, des désirs qui s’incarnent ô combien

Exaltation de la beauté des jeunes hommes

Il suffit pour s’en convaincre d’ouvrir « Les Mauvais Anges », ce roman-scandale que Jourdan rédigea à l’âge de seize ans et qui relate la passion sensuelle et charnelle de deux cousins lors d’un bel été en Touraine. Peu à peu, l’exaltation de la passion fait place à une tragédie inéluctable : celle, sublime, d’une jeunesse sans concession. C’est beau, cruel, troublant, d’une liberté qui donne le frisson, à la fois très classique dans le style et profondément transgressif : ce sera toujours la marque d’Éric Jourdan.

Longtemps introuvable, son œuvre est dispersée chez divers éditeurs, parfois en poche. C’est le cas de ses « Anges » si sexués bien sûr, mais aussi de ces textes puissants, hantés par le désir, l’histoire, le destin et la beauté des jeunes hommes que sont « Saccage », « Le Garçon de joie », « Le Songe d’Alcibiade » ou « Lieutenant Darmancour » (les derniers romans d’Éric Jourdan sont disponibles aux éditions H&O). Il faut lire Jourdan, parce que la mort n’est pas une fin.

Didier Roth-Bettoni (Hétéroclite) – introduction : wikipedia Michel Larivière

… Revenez pour de nouvelles enquêtes, prochainement sur roijoyeux !!! … Et vous pouvez lire l’histoire des autres héros joyeux ici

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7 commentaires pour Joyeux… Eric Jourdan

  1. Carole dit :

    Belle journée, bises.

  2. Je ne connaissais pas cet auteur Merci pour la découverte, belle journée à toi

  3. Solène Vosse dit :

    D’ailleurs, j’ai envie de dire, gays et alors ?! C’est peut-être dommage pour nous, les filles. Et quoi que, même pas, parce que ce sont de merveilleux amis.

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