Joyeux… Denton Welch

Pour fêter son 109è anniversaire de naissance, revoici mon article sur Denton Welch, génial écrivain et artiste peintre britannique.

Denton Welch, grand écrivain méconnu

Denton Welch, né Maurice Denton Welch à Shanghai (Chine) le 29 mars 1915 et mort à Crouch, Kent, Angleterre, le 30 décembre 1948 est un écrivain et artiste peintre britannique, admiré pour sa prose très vivante, claire et perspicace, décédé à l’âge de 33 ans suite à un accident de vélo survenu treize ans plus tôt qui le laissa partiellement invalide mais grâce auquel il se mit à écrire.

Jeunesse

Maurice Denton Welch est né à Shanghai (Chine) le 29 mars 1915 d’un père anglais et d’une mère américaine. Ses parents Rosalind et Arthur Joseph Welch tout comme leurs deux familles y avaient développé des sociétés commerciales avec succès. Denton et ses trois frères aînés y furent élevés dans des conditions très favorables.

Le don pour le dessin et la peinture de petit Denton Welch sont évidents; il peint sa première nature morte (des feuilles de houx et de hêtre) alors qu’il a 9 ans en 1924.

La même année, il est envoyé, comme ses frères à l’école privée de Repton à Repton, Derbyshire en Angleterre. En 1927, il a 12 ans lorsque sa mère, dont il était très proche, meurt. Denton, décrit comme brillant et excentrique, développe un rejet du système scolaire qui culmine avec sa fugue provisoire de l’école au début de son année de terminale (1931). Son père l’invite ensuite à le rejoindre en Chine où il passe une année (1932). Lorsqu’il rentre en Angleterre (1933) il s’inscrit à l’école d’art Goldsmiths (Université de Londres) avec l’intention de devenir artiste-peintre.


The Coffin House – Delton Welch

Accident et oeuvre littéraire

Deux ans plus tard (1935), alors qu’il circule à vélo dans Londres, le jeune homme (20 ans) est renversé par une automobile, ce qui lui cause de graves blessures notamment à la colonne vertébrale dont les complications finiront par l’emporter. À sa sortie d’hospitalisation, en 1936, il s’installe à la campagne dans l’ouest du Kent où il vivra partiellement invalide le reste de ses jours.

Là, bien que physiquement diminué par les séquelles de son accident, il continue à dessiner et à peindre (il expose son oeuvre à la galerie Leicester de Londres en 1941), et peut-être à cause d’elles, commence à écrire, dès 1940, d’abord de la poésie, qui sera publiée à partir de 1941 dans des revues littéraires, et il entreprend l’écriture d’un journal. Son travail attire l’attention de l’écrivaine Edith Sitwell, qui facilitera la publication de son roman autobiographique « Maiden voyage » en 1943, en écrira la préface et aidera à sa promotion.

Grâce au soutien d’Edith Sitwell et John Lehmann [écrivain anglais], ce roman devient un succès modeste mais mémorable et lui construit une réputation.

C’est peu après (novembre 1943) qu’une de ses connaissances présente à l’écrivain un ouvrier agricole nommé Eric Oliver, qui a presque le même âge (il est né le 6 octobre 1914), et deviendra son ami, puis un partenaire sentimental lui servant aussi d’infirmière et secrétaire jusqu’à ses derniers jours, puis, pour un temps, son exécuteur testamentaire.

Après le roman autobiographique « Maiden voyage » (1943), Denton Welch écrit le roman « In Youth is Pleasure » (1944), parlant de son adolescence, d’abord publié par le fameux critique littéraire Herbert Read qui aime le roman mais prévient Denton que beaucoup de gens risquent de trouver son héros pervers et déplaisant.

Une collection de nouvelles suit, intiulée « Brave and Cruel, and other short stories » (1948). La plus grande partie de l’oeuvre de Welch sera publiée après son décès. Son dernier roman « A Voice through a Cloud », resté inachevé à sa mort le 30 décembre 1948, fut publié en 1950; une autre collection de nouvelles « A Last Sheaf », en 1951; « The Denton Welch Journals » en 1952; un journal de voyage inachevé, « I Left My Grandfather’s House » en 1958; et une collection de poèmes, « Dumb Instrument », en 1976.

En 2020, seuls quatre de ses ouvrages ont été traduits en Français.

Décès et postérité de Denton Welch

L’oeuvre littéraire de Welch, introvertie et intense, est proustienne dans son attention aux détails de la vie, en particulier celle de la campagne anglaise pendant la 2nde Guerre Mondiale. Une très grande attention y est accordée à l’apparence, que ce soit dans le comportement humain, le physique des personnes, leur habillement, l’art, l’architecture, les bijoux… l’apparence est un sujet récurrent dans l’oeuvre de Welch.

Jusqu’à quel point son oeuvre est autobiographique ou fictionnelle fait débat. Ce qui est sûr, c’est que le point de départ de presque toutes ses histoires est biographique : elles ont souvent lieu dans des endroits qu’il a connus ou visités, et elles contiennent des descriptions à peine voilées, souvent extrêmement peu flatteuses de ses amis, famille et autres connaissances – à tel point que l’artiste Gerald Leet, un de ses amis de l’école d’art Goldsmiths, a refusé de participer à la biographie de Welch écrite par Michael De-la-Noy.

Welch s’est aussi décrit lui-même dans son oeuvre (…) et le philosophe Maurice Cranston qui l’a connu adolescent a remarqué que Welch était aussi impitoyable dans ses descriptions de lui-même que dans celles des autres.


Delton Welch auto-portrait

Il est clair quand on lit l’oeuvre de Welch que ce qui pose des limites à son génie est aussi ce qui en fait un écrivain si brillant : son focus sur lui-même. Malgré l’époque et le lieu, ses romans sont étonnamment imprégnés d’homosexualité.

Son observation des gens autour de lui, à peine voilée dans ses romans, et son exploration de ses propres sentiments homosexuels et ses interactions avec le monde, font de Welch est un écrivain majeur.

Le philosophe Maurice Cranston a précisé au sujet du talent exceptionnel de Welch et des limites à ce talent :

« (…) S’il avait pu voir la comédie humaine plus largement avec son oeil miraculeusement perspicace, et s’il avait décrit le monde comme il a décrit son propre monde, il serait sûrement parmi les plus grands écrivains de langue [anglaise]. Les choses étant ce qu’elles sont, il restera pour l’éternité comme un génie mineur, un des rares génies d’une époque peu créative. »

Le grand écrivain William S. Burroughs a cité Denton Welch comme l’écrivain qui a le plus influencé son oeuvre et lui a dédicacé son roman « The Place of Dead Roads ».

Peut-être que l’oeuvre qui fera que Welch restera dans l’histoire sera ses « Journaux » où il est franc au sujet de son homosexualité.

Gay For Today + wikipedia – résumé et traduit par roijoyeux

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